lundi 8 février 2010
Je me souviens... • Boris Cyrulnik
Ce petit livre est paru en mars 2009. Il est donc bien tard pour en parler aujourd’hui. Mais .../...
On voit, peu à peu, comment il tient à distance ces souvenirs, comment il s’empêche de les réaliser. Et puis dans le très beau chapitre intitulé Ma chambre, les souvenirs reviennent, confronté qu’il est au réel du lieu. « J’ai donc vécu ici ! ».
Ainsi toute la trajectoire qu’il décrit ici est le récit d’un évitement de son angoisse : si l’on ne maîtrise pas le souvenir par la réflexion, par l’élaboration, dans un engagement philosophique, religieux, littéraire ou politique, dit-il, si on laisse revenir la trace enfouie dans la mémoire sans la maîtriser, c’est parfait pour déclencher les angoisses.
« De l’émotion qu’on éloigne, on fait une représentation, c’est-à-dire qu’on “représente” dans sa mémoire un événement passé. La résilience ne peut donc s’effectuer que dans l’après-coup. Sur le coup, on souffre, on panique, on est hébété, on a peur, on n’a pas peur, on se défend, on se débat comme on peut. »
Je me souviens avoir vu Cyrulnik répondre à une question de journaliste qui lui demandait s’il était résilient lui-même, que ce n’était pas le cas.
Le sentiment que j’eus à la lecture de ce texte, c’est que cet abonnement à la répétition de ce souvenir sans cesse repoussé pouvait être résilié. Il s’agissait plus pour lui de résiliation que de résilience. Mais il n’y a que lui qui en puisse dire quelque chose, et je le remercie de m’avoir permis de trouver ce mot de résiliation qui m’est aujourd’hui très utile.
Emmanuel Bing
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